Troisième Période : Vers une économie durable et circulaire (2021 et au-delà)
La loi PACTE (2019)
En 2019, la loi PACTE a inclus, parmi ses nombreuses réformes, des mesures encourageant les entreprises à intégrer les considérations sociales et environnementales dans leur stratégie d’entreprise. Un pas de plus vers la durabilité intégrée au modèle d’affaires.
Deux faits marquants sont à retenir de la loi PACTE:
- Modification de l’article 1833 du Code civil: la loi PACTE stipule désormais que « la société est gérée dans son intérêt social. Elle prend en considération « les enjeux sociaux et environnementaux de son activité ». Cette reformulation élargit la mission des entreprises au-delà de la simple recherche de profit, en les engageant à contribuer positivement à la société et à l’environnement.
- Promotion des entreprises à mission: un statut permet aux entreprises de se fixer des objectifs sociaux et environnementaux spécifiques. Ceci va au-delà de leurs objectifs économiques et s’insère au sein même de leurs statuts. Ce cadre législatif offre une opportunité pour les entreprises: se distinguer en tant qu’acteurs engagés dans la transition écologique et sociale. Ceci renforce leur attractivité auprès des consommateurs, des investisseurs et des talents qui partagent ces valeurs.
Le Pacte Vert pour l’Europe (2019)
Le Green Deal européen, lancé la même année par la Commission européenne, vise à transformer l’UE en une économie moderne, moins gourmande en ressources, avec l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Ce plan d’action a marqué toutes les entreprises, grandes et petites, les incitant à repenser leurs opérations dans un esprit de durabilité.
La loi Climat et Résilience (2021)
Enfin, la loi Climat et Résilience de 2021 a renforcé l’engagement de la France en fixant l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % d’ici 2030 par rapport à 1990.
Changements et Obligations pour les Entreprises
- Éco-conception des produits : Les entreprises sont encouragées à adopter des principes d’éco-conception pour réduire l’impact environnemental de leurs produits tout au long de leur cycle de vie.
- Responsabilité élargie du producteur: Extension du principe de responsabilité élargie du producteur (REP) à de nouveaux produits, obligeant les entreprises à prendre en charge la fin de vie de leurs produits.
- Rénovation énergétique : Des obligations accrues en matière de rénovation énergétique des bâtiments pour les propriétaires bailleurs, impactant les entreprises possédant ou utilisant des locaux commerciaux.
- Interdiction de certains plastiques à usage unique: Renforcement des mesures contre les plastiques à usage unique, affectant les entreprises dans les secteurs de la restauration, de l’emballage, et de la distribution.
- Publicité pour les énergies fossiles: Interdiction des publicités pour les énergies fossiles, influençant les stratégies marketing des entreprises du secteur énergétique.
- Mobilité durable: Obligations pour les entreprises de plus de 50 salariés de mettre en place un plan de mobilité pour encourager les déplacements plus durables de leurs employés.
Impact Réel pour les Entreprises
Ces mesures obligent les entreprises à intégrer des considérations environnementales dans leur stratégie globale, leur gestion opérationnelle et leurs décisions d’investissement. Elles doivent désormais évaluer et minimiser leur empreinte écologique, adopter des pratiques plus durables, et souvent innover pour se conformer à la réglementation. Déroger à ces instructions peut les amener à des amendes financières, des obligations de mise en conformité, des restrictions d’activité ou retrait de licence, une exclusion des marchés publics.
Les perspectives d’évolutions des réglementations
Au cœur des perspectives d’évolution législative en matière de transition écologique et de responsabilité sociale, la transformation de la Directive 2014/95/UE sur le reporting non financier en Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) incarne une ambition renouvelée de l’Union européenne pour une économie plus transparente et responsable.
La CSRD : un nouveau paradigme
La CSRD élargit le champ d’application de la directive précédente. Désormais toutes les grandes entreprises et entreprises cotées (à l’exception des micro-entreprises) divulguent des informations détaillées sur la manière dont elles intègrent la durabilité dans leurs opérations et leurs chaînes de valeur. Cela comprend non seulement les impacts environnementaux, mais aussi les aspects sociaux, les droits de l’homme et la gouvernance. L’objectif est de fournir une image complète de l’impact de l’entreprise sur la société et l’environnement. La durabilité devient un élément incontournable de l’analyse financière et de l’investissement.
Perspectives: incitations et cadre réglementaire stable
Pour accompagner cette ambition collective, l’UE et les législateurs nationaux doivent désormais offrir aux entreprises des incitations tangibles et un cadre réglementaire stable. Cela passe par des mesures de soutien telles que des avantages fiscaux pour les investissements verts, des subventions pour la recherche et le développement dans les technologies propres, et une clarification des attentes réglementaires à long terme.
Les entreprises ont besoin de visibilité sur les règles du jeu pour s’engager pleinement dans la transition écologique. Un cadre législatif stable et prédictible permet aux entreprises de planifier avec confiance leurs investissements dans des solutions durables, d’innover en matière de produits et services respectueux de l’environnement, et de construire des chaînes d’approvisionnement éthiques et durables.